++ Pleine offensive sur le marché espagnol

Le ministre du Tourisme, Adil Douiri, qui s’est déplacé au Fitur jeudi 26 janvier, a eu une journée bien remplie. Il a eu une série de rencontres marathoniennes, notamment avec les opérateurs étrangers et la presse espagnole dans le pavillon marocain. Cette offensive sur le marché ibérique vise à confirmer la tendance haussière des arrivées touristiques espagnoles vers le Maroc. D’ailleurs, le ministre s’est fixé comme objectif d’atteindre 700.000 touristes espagnols à l’horizon 2010.

- L’Economiste: Avez-vous eu des contacts fructueux lors du Fitur? - Adil Douiri : Mes principaux contacts ont été pris avec les présidents des groupes Iberostar, Globalia et Barcelo. Pour le premier groupe, nos discussions ont porté sur l’investissement et la construction d’hôtels au Maroc. L’essentiel de nos négociations avec eux porte sur les investissements. Nous avons également évoqué les programmes de voyages d’Iberojet (TO appartenant au même groupe). Jusqu’à présent, les perspectives sont très encourageantes pour les deux entreprises, mais il est encore tôt pour dévoiler les détails. Nous poursuivrons les négociations en février avec Iberostar, qui est actuellement en train de fixer les sites pour ses unités hôtelières ainsi que le montage financier. En revanche, nous espérons signer avec Iberojet en février après avoir arrêté les chiffres en objectif clients. Avec le groupe Globalia, nous négocions les engagements pour 2006, 2007 et 2008. Le rôle du gouvernement est d’augmenter les enchères. Globalia est parti de 15.000 clients, aujourd’hui, il en est à 40.000 environ. Nous nous sommes fixé rendez-vous vers le 20 février. Je reviendrai donc à Madrid pour signer le contrat.

- Quel a été le point d’achoppement des négociations avec Globalia? - La prise de risque. Sur combien de places s’engagera le TO? L’Etat marocain assiste au niveau du comarketing et participe aux campagnes de publicité. Mais le véritable risque est de programmer les liaisons aériennes. Nous lions le comarketing de l’Etat au nombre de sièges sur lesquels s’engage le TO.

- L’objectif est-il d’atteindre 700.000 touristes espagnols en 2008? - Non, pas autant. En 2002, nous en étions à 200.000 clients. En 2005, il s’agit presque du double, soit 370.000 touristes. En 2006, nous tablons encore sur une croissance de l’ordre de +15 ou 20%. Notre prochain cap est d’atteindre 600 à 700.000 clients vers 2009/2010. N’oublions pas que le marché émetteur espagnol est un petit marché (4,4 millions de voyages hors Espagne par an). Pour comparaison, l’Italie émet 22 millions de voyages et l’Allemagne 60 millions.

- Justement, y a-t-il des efforts similaires sur d’autres marchés émetteurs? - Nous nous concentrons essentiellement sur 5 ou 6 pays: France, Espagne, Italie, Angleterre, Allemagne et Benelux, c’est le cœur du marché. Pour le reste (Chine, Russie, Proche-Orient…), nous n’avons pas encore suffisamment de budgets.

- Quelles sont les destinations qui profiteront le plus de ces développements? - Marrakech se vend toute seule, sa notoriété n’est plus à refaire. Les TO préfèrent programmer la ville ocre pour éviter tout risque. Il s’agit pour eux d’une destination établie. Lors des négociations, nous essayons de promouvoir une autre destination avec Marrakech, essentiellement Fès et Ouarzazate car la capacité d’Agadir est presque saturée. Tanger va aussi s’imposer progressivement grâce à ses nouveaux produits, notamment avec les projets Al Ghandouri et Tanger City Center qui seront prêts fin 2007. Saïdia sera prête aussi en 2007. C’est un énorme progrès sachant qu’auparavant le Maroc ne vendait que deux destinations: Marrakech et Agadir.

- Où en est l’état d’avancement du plan Azur? - Le premier hôtel à Saïdia ouvre en mars 2007. Lixus a obtenu ses autorisations administratives en décembre 2005, les travaux de construction viennent de démarrer. Et ceux d’aménagement sur Mogador ont démarré en novembre. L’autorisation des travaux sur le site Haouzia se fera en février ou mars prochain. Pour Taghazout, l’appel d’offres s’est terminé hier (mercredi 25 janvier) et l’ouverture des plis s’est faite à 15 heures. Les trois offres retenues sont celles de Fadesa avec des hôteliers de Fuerteventura, un consortium formé par l’américain Colony Capital et les canariens Lopesan/Satocan ainsi qu’un autre consortium regroupant la CDG, Ynna Holding, le koweïtien CMKD et l’allemand TUI. Les trois sont des géants, on aura certainement du mal à les départager.

- Qu’est-ce qui se fait aujourd’hui pour essayer d’améliorer l’image du Maroc en Espagne? - Les perceptions d’image sont très longues et chères à changer. Auparavant, le budget de l’ONMT en Espagne se réduisait à 5 millions de DH. Aujourd’hui, nous en sommes à près de 30 millions. Si nous maintenons ce budget pendant quelques années en augmentant nos participations aux foires, salons, évènements, festivals… cela contribuera à améliorer l’image du Maroc ternie par les médias espagnols. Aujourd’hui, nous sommes en pleine offensive marketing: campagne RP, publicité et mobilisation permanente pour améliorer l’image du Maroc avec les prescripteurs et les leaders d’opinion. Cette année, six reportages de la TVE seront consacrés au Maroc.

L'Economiste.