++ Agadir : Une activité à deux vitesses

Les chiffres de l’activité touristique au cours de l’année 2005 confirment la reprise du secteur à Agadir. La ville a, en effet, enregistré une évolution du nombre des arrivées comme des nuitées. Ils étaient plus de 674.450 touristes à visiter la destination en 2005, soit une hausse de 9% comparativement à l’année précédente. Le nombre des nuitées, qui a dépassé les 4 millions, a également augmenté de 8% par rapport à 2004.

Des performances réalisées grâce notamment au retour des visiteurs anglais et à une bonne tenue du marché français, principal émetteur de touristes sur la destination.

Cependant, bien que cette croissance est une preuve manifeste que l’activité touristique dans la ville est sur la bonne voie, il faut tout de même relativiser. Malgré une augmentation de la capacité hôtelière de 30% ces quatre dernières années, la ville dépasse tout juste les scores de 2000, l’année de référence, avec une hausse en 2005 de 0,71% au niveau des nuitées et 2,16% à celui des arrivées comparativement à cette période. Le taux d’occupation global par rapport à la même époque n’a pas non plus augmenté. Estimé à 60,88% en 2000, il n’était que de 58% en 2005. La station balnéaire est loin donc de faire le plein. D’un autre côté, il faut souligner que la hausse de l’activité ne profite pas à tous les établissements.

La ville d’Agadir est marquée par une activité touristique à deux vitesses. En dehors des hôtels front de mer et des unités qui sont liées à des tour-opérateurs, les autres établissements continuent à souffrir et freinent la hausse du taux d’occupation global de la destination. A l’origine de cette situation, et au-delà d’un déficit sur le plan commercial, l’absence de mise à niveau de leur infrastructure. Et ce n’est pas, contrairement à ce qu’affirment certains directeurs d’établissement, leur situation géographique dans la ville qui est à remettre en cause. Certes, les hôtels front de mer séduisent tout le monde mais tout établissement peut prétendre à une clientèle en développant d’autres atouts, tels qu’un bon rapport qualité/prix.

Certains, implantés en plein cœur de la ville, qui ont fait l’effort d’une mise à niveau, se vendent bien et prouvent que le problème n’est pas véritablement une question de localisation. De fait, la mise à niveau des hôtels et une démarche commerciale agressive sont nécessaires pour drainer une plus grande clientèle. Mais ce ne sont pas les seuls aspects à renforcer au niveau de plusieurs unités d’hébergement de la ville. Il est aussi important, entre autres, de diversifier les marchés. C’est dans cette optique que le CRT (Conseil régional du tourisme) se rendra en Russie le printemps prochain pour participer au Salon du tourisme de Moscou. Une importante délégation fera, pour l’occasion, le déplacement du 22 au 25 mars pour présenter, sur un stand de 50 m2, tout le potentiel de la région du Souss. Aujourd’hui, la perspective de liaison Royal Air Maroc entre les deux villes à travers sa filiale low cost, Atlas Blue, encourage le CRT à investir ce marché.

Le «all inclusive m’a tuer’’

En dépit d’une augmentation des arrivées de touristes en 2005 dans la ville, hormis quelques exceptions, les restaurants de la cité ont du mal à tenir la route. Leur activité baisse d’année en année. Il faut dire qu’ils sont de plus en plus nombreux, pour un même gâteau à partager. Selon les représentants de la filière, l’adoption de la formule «all inclusive» (tout compris) dans certains hôtels est la principale cause de cette déplorable situation.

Malika ALAMI