++ Les attentes des touristes français

· Croissance exceptionnelle de 30%
· Mais la communication institutionnelle reste insuffisante
· Le tourisme de santé offre d’importantes opportu-nités

Que de bonnes nouvelles en perspectives! Les professionnels du tourisme participant au séminaire organisé par la direction en France de Royal Air Maroc avaient de quoi se réjouir, surtout à la veille du Top Résa, premier salon français de tourisme. La destination Maroc tient toujours la route. La croissance exceptionnelle en temps de crise (près de 30%) qu’elle a réalisée à partir de l’Hexagone se confirme pour la prochaine saison. Le Maroc devrait atteindre en novembre son million de touristes français.
Cette bonne nouvelle étant, il s’agit pour la destination de s’adapter aux nouvelles attentes du touriste français et c’était l’objectif de la rencontre de Paris sous le thème «Le nouveau marché français» avec la participation des analystes de ce marché et spécialistes dans la consommation. «La société se réorganise autour du temps libre. C’est encore plus vrai pour la société française dont une bonne partie aura plus de 60 ans en 2010», commente Gérard Mermet, sociologue. Traduisez, l’industrie de loisirs devrait connaître un grand boom. Aux opérateurs de s’y préparer et d’anticiper sur ce développement.

· Jouer la carte de la sécurité

Les prévisions de l’Organisation mondiale du tourisme le confirment d’ailleurs. En 2010, ils seront près d’un milliard de touristes à voyager. Pour cette population, qui aura plus de temps libre dans les années à venir, il faudra prévoir de nouveaux produits, indique en substance Michel Messager, secrétaire général de l’APS.
Les offres émergentes seront dans le tourisme de santé par exemple sur lequel Marrakech a anticipé. Presque tous ses hôtels sont dotés de centre de remise en forme.
Le Maroc pourrait bien se placer sur ce créneau. Il faudra s’attendre aussi à une poussée sur l’environnement et l’émergence de produits de tourisme durable. «Les clients chercheront désormais des produits à fort caractère citoyen», estime Messager. Ainsi, aux trois atouts, appelés communément les 3 S (soleil, sable, sexe), la destination devra se doter aussi des 3 D (détente, divertissement et développement). «Ce n’est pas pour autant que les produits balnéaires ne tiendraient plus le cap. Seulement, celui des niches se positionnerait aussi».

· Attentes multiples

La France, premier pays émetteur au Maroc, figure parmi les pays à fort potentiel. Actuellement, seulement 60% des Français partent en voyage. Il reste les 40% à conquérir. Encore faut-il que leurs besoins soient cernés. Selon le sociologue, un des freins au voyage est d’ordre sécuritaire.
Rien à voir avec les attentats ou le terrorisme.. «Ils sont méfiants, résistants, notamment face aux stimulus auxquels ils sont confrontés». A ce type de comportement, il faudra que les prescripteurs jouent la carte de la sécurisation et de la confiance.
Les experts insisteront beaucoup sur les attentes des nouveaux consommateurs qu’ils résument en quatre mots : le plaisir, la sécurité, la convivialité et la considération. Bref, une bonne qualité de la prestation. Les touristes français ont désormais le choix et le savent. Dès lors, ils s’attendent à un traitement en VIP même s’ils ont acheté un voyage de moyenne gamme. «Les attentes de ces nouveaux consommateurs sont multiples et contradictoires, alliant modernité et traditionnel. Si les professionnels savent comment réconcilier ces contradictions, tout est à gagner», insiste le sociologue Mermet.
L’adaptation est donc le mot d’ordre. Elle l’est aussi au niveau des réseaux de distribution. Ceux on line sont désormais leaders. En France, 22% des Français, qui partent en voyage, préparent leur séjour via Internet. C’est dire l’importance de cet outil, qui non seulement permet d’informer, mais aussi de vendre. La communauté d’internautes en France est de 23 millions de personnes et est en croissance permanente. La courbe de croissance des acheteurs on line (9 millions ) est encore plus importante. «Vendre les produits touristiques via le net ne veut pas dire vendre plus bas.
Il s’agit plutôt de produits personnalisés et spécifiques», tient à rappeler Guy Raffour, président de Raffour Interactif, qui tire le profil des acheteurs par Internet: «C’est un touriste préférant le court séjour avec un taux de retour important». Pour preuve, les clients des riads à Marrakech par exemple.
Sur le web, la destination Maroc se place bien. D’après le diagnostic de Raffour, elle est présente sur tous les moteurs de recherche et se place en général après la France et l’Italie.

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Ils ont dit :

Antoine Cachin, ex-président de thomas Cook Voyages: «Le web prend du galon au niveau de la distribution. Cependant, il n’y aurait pas de crainte pour les agences traditionnelles si elles s’adaptent et s’orientent vers la spécialisation ou encore la multi-spécialisation. Elles devront aussi mettre en valeur le conseil. La condition du succès réside dans une équipe hyperformée».
Roger Colignon, responsable communication de l’association nationale des agents en événementiel en France: «Il faudra faire attention et réadapter l’offre. Marrakech qui tire l’événementiel au Maroc souffre de l’usure de la destination, du non-renouvellement de programme et de l’absence de différenciation au niveau des réceptifs. Du reste, la communication institutionnelle est insuffisante aujourd’hui».

B. B.